samedi 17 mai 2014

La campagne masquée d'Elio Di Rupo.

Bien avant d'être candidat à sa succession, il était déjà en campagne. Pour lui, et non pour son parti. Sous sa cape de Premier ministre, Elio Di Rupo a bâti sa stratégie électorale depuis des mois, principalement à travers le Hainaut.

Candidat à sa succession, Elio Di Rupo n'a pas attendu le congrès du PS du 23 mars pour mener campagne. Entre octobre 2013 et mars 2014, la fréquence de ses rencontres de proximité s'est accélérée dans le Hainaut. Sous l'appellation "Elio Di Rupo répond à vos questions", 17 séances y ont été organisées dans différentes communes, en soirée la plupart du temps. Des initiatives similaires ont également eu lieu au sein de plusieurs universités, en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre.

Les rencontres organisées ont fait l'objet d'une campagne de communication uniforme et parfaitement rodée. "Ces rencontres de terrain n'ont aucun rapport avec les élections, assure son attaché de presse. Le Premier ministre tient simplement à présenter le travail accompli ces dernières années, notamment en matières socio-économiques. Dans la mesure du possible, il tente de répondre positivement à toutes les invitations qui lui sont transmises." Et à travers ces séances de questions-réponses, Di Rupo chef du gouvernement a mis au point la formule de campagne de Di Rupo candidat aux élections du 25 mai. L'essentiel du discours : une présentation Powerpoint pédagogique et chiffrée, illustrant les accomplissements du gouvernement fédéral depuis la crise de 2008. "Elio Di Rupo règle la question de la proximité en proposant directement à l'assemblée une tournée de micro, puis il ne dévie plus de la trajectoire de son discours durant l'heure qui suit", analyse Nicolas Baygert, professeur en sciences politiques et sociales à l'IHECS et chercheur au Lasco (UCL), qui était dans l'assemblée lors d'une étape hennuyère du roadshow di rupien, en février dernier.

Politologue à l'ULg, Pierre Verjans partage ce sentiment après avoir assisté à une présentation similaire le 17 mars, devant 300 étudiants de l'université. "J'ai été frappé par sa capacité à contourner les questions politiques significatives. Le reste de l'exposé était un discours de campagne, même si Elio Di Rupo n'y défendait pas les acquis de son parti, mais plutôt sa capacité de conciliateur." Dans ses présentations, la récurrence d'un cliché le montrant prêter serment devant le Roi, entouré par une nuée de micros, illustre l'importance suprême qu'il accorde à son arrivée au pouvoir. La photographie apparaît à chaque fois qu'il évoque un accomplissement personnel ou collectif au sein du gouvernement. "Pour lui, cette prestation de serment équivaut au baptême de Clovis, observe Nicolas Baygert. Comme si son arrivée au pouvoir traduisait la reprise d'un tournant optimiste."

Pointeur laser en main, Elio Di Rupo encercle des chiffres, décrypte le mécanisme de la sécurité sociale et s'attarde volontairement sur les contraintes communautaires qui pèsent sur l'action gouvernementale. D'un meeting à l'autre, ses premiers mots en tant que conférencier sont toujours les mêmes : "Avant de répondre à vos questions, il me paraît essentiel de vous expliquer le plus simplement du monde quel est ce pays dans lequel nous vivons." Derrière lui, dans un recoin de la salle, un assistant fait défiler un diaporama dont l'écriture, de couleur blanche sur fond rouge, rappelle inlassablement la charte graphique du PS.
Christophe LeroyJournaliste

mercredi 14 mai 2014

Quand ça arrange le PS, il est belge. Quand ça l'arrange mieux, il est confédéraliste

"Le PS est un parti de pouvoir absolu. Quand cela l’arrange, il est belge, quand cela l’arrange mieux il est bel et bien confédéraliste. Même Elio Di Rupo" écrit Hendrik Vuye (N-VA), qui a plongé dans l’histoire parlementaire.
Elio Di Rupo en 1997 © Belga

Qui a mis le confédéralisme à l’agenda politique? Le 11 janvier 1993, le ministre-président Luc Van den Brande (CD&V) déclarait dans La Libre Belgique que la réforme de l’état de 1993 n’est qu’une étape intermédiaire vers le confédéralisme. Il est rapidement convoqué par le roi Baudouin qui n’est "pas ravi". Ou est-ce le novateur Guy Verhofstadt (Open VLD) qui préconise un modèle confédéral radical dans son manifeste du citoyen ? Il écrit notamment : "Au lieu de continuer à scinder les compétences, les institutions et les autorités administratives d’en haut, les deux grandes communautés doivent se réunir pour réfléchir à ce qu’elles veulent encore faire ensemble et comment". Ou est-ce Bert Anciaux (sp.a) qui en 1996 a fait un fer de lance du "Plan en dix points sur la réforme de l’état flamande" ?

Non, il s’agit d’un jeune parlementaire élu aux élections du 13 décembre 1987 qui s’est adressé pour la première fois à la Chambre le 14 mai 1988. Son âge : 37 ans. Son port d’attache : Mons. Son parti: le Parti Socialiste (PS). Son nom: Elio Di Rupo.

Le 14 mai 1988, Elio Di Rupo est monté en chaire pour son premier discours de député. Le débat portait sur la déclaration gouvernementale de Martens VIII. Le gouvernement a été formé après une crise de 148 jours, à l’époque la plus longue formation gouvernementale que la Belgique n’ait jamais connue. Après des années d’opposition, le PS est à nouveau dans le gouvernement.

Au nom de son parti Elio Di Rupo déclare: "Comme l’affirmait Jules Destrée, nous devons faire face à une grande réalité : il n’y a pas de Belge, c’est-à-dire que la Belgique est un État politique, qu’elle n’est pas une nationalité. Deux Communautés s’y ignorent ou s’y affrontent et l’usage d’une langue différente paraît être un substrat fondamental de cet état de choses".

Un passage de la lettre au Roi de Jules Destrée au roi mentionne à cet égard: "Il y a du mystère à l’attachement à la langue, parce qu’il tient moins à notre être raisonneur qu’à notre inconscient profond. Et ce n’est que lorsqu’on conçoit ainsi le problème, qu’on pense à ces millions de racines ténues qui s’enfoncent dans le passé le plus reculé, que l’on comprend le caractère sacré de la langue et combien sont délicates et insolubles par les seuls procédés de l’intelligence, les questions que son usage soulève".

Et Elio Di Rupo continue sur la Belgique dont il dit aujourd’hui qu’elle lui est "si chère" :

"La fusion des Flamands et des Wallons, artificiellement opérée en 1831, s’est avérée au fil du temps, un mélange hétérogène, parfois explosif. Et il est vain de souhaiter son maintien."

"En revanche, l’avènement d’une Belgique fédérale ou confédérale à édifier de façon équilibrée et stable répondrait aux aspirations des deux Communautés, et chacune pourrait y tirer profit efficacement de sa différence culturelle et économique".

Chacun sait que la Belgique francophone ne veut pas d’une Belgique basée sur les Communautés. La Belgique francophone, le PS en tête, souhaite une Belgique basée sur les Régions. La Région de Bruxelles-Capitale doit, selon les exigences francophones, être une "région à part entière". Plus encore, en fait les francophones traitent Bruxelles comme si c’était une zone linguistique francophone. Pour eux, Bruxelles fait partie du fameux Wallo-Brux.

Cette exigence ressort, comme Bart Maddens l’a déjà souligné plusieurs fois, de "Accord de la Sainte Émilie" conclu le 19 septembre 2013. Celui-ci doit permettre aux présidents de parti francophones d’harmoniser un maximum la politique des compétences communautaires (dont les allocations familiales) transférées vers la Commission Communautaire Commune (COCOM) avec la politique de la Région wallonne, "oubliant" un instant qu’il y a aussi des Flamands qui siègent à la COCOM.

La Belgique francophone brise donc unilatéralement une règle de base, à savoir l’égalité et l’équivalence des deux communautés linguistiques en Belgique et à Bruxelles.

Aujourd’hui le PS argumente que le fédéralisme (ou le confédéralisme) à deux Communautés est impossible. Vraiment impossible ? Vraiment tout à fait impossible ?

Qu’en pensait Elio Di Rupo dans son premier discours? Il avance:
"D’aucuns prétendent que le fédéralisme à deux Communautés est impossible et engendrerait un affrontement renouvelé. Je ne partage pas cette opinion. Et d’ailleurs, nous n’avons pas d’autre choix. L’état unitaire n’existe déjà plus. Si un fédéralisme éclairé et constructif ne pouvait être établi, nous serions confrontés à un éventuel séparatisme. (...) Être attentiste devant un fédéralisme devenu nécessaire, relève de l’irrationnel".

Lors du congrès VVV (Verandering voor Vooruitgang ) de la N-VA, le président du congrès Ben Weyts a cité un court passage du discours d’Elio Di Rupo. C’est devenu un moment historique : applaudissements pour Elio Di Rupo de la part de 4000 membres de la N-VA enthousiastes.

Elio Di Rupo, le défenseur d’un fédéralisme poussé ou d’un confédéralisme sur base des deux Communautés. Qui aurait pensé cela ? Et en outre, il a bien raison !

En renvoyant à Jules Destrée, l’homme qui écrivait déjà en 1912 qu’il n’y a pas de Belges, mais des Flamands et des Wallons, le jeune Di Rupo argumente qu’il est tout à fait vain d’aspirer à l’unité de la Belgique. Dans son livre passionnant sur Destrée, Rik Van Cauwelaert écrit que le PS tire toujours la carte régionaliste lorsqu’il est dans l’opposition. Lorsqu’il se trouve dans la majorité, le PS défend l’unité du pays sur un mode stalinien. Sous Di Rupo ce n’est pas différent, conclut Van Cauwelaert.

Elio Di Rupo, belgiciste "pour les besoins de la cause socialiste". L’homme qui arbore toujours un pin belge et qui clame partout que la Belgique lui a tout donné. Se non è vero, è ben trovato!

Et pourtant, de nombreux faiseurs d’opinions écrivent qu’au PS il ne sera jamais question de confédéralisme. Ils oublient une chose. Le PS est un parti de pouvoir absolu. Si ça l’arrange, le PS est belge, si ça l’arrange mieux, il est bel et bien confédéraliste. Même Elio Di Rupo !
Source : http://www.levif.be/info/levif-blog/vu-de-flandre/quand-ca-arrange-le-ps-il-est-belge-quand-ca-l-arrange-mieux-il-est-confederaliste/opinie-4000528298476.htm

samedi 5 avril 2014

Di Rupo, Furlan, Magnette : rien à cirer du Coq wallon !

Celui qui avait un jour déclaré préféré un rattachement de la Wallonie à l’Allemagne plutôt qu’à la France, qui a dit à la VRT que Charleroi était une ville en sous-développement ou qui appelle l’architecte de la ville son « bouwmeester », a désormais la ferme intention d’éradiquer le Coq wallon.
C’est ainsi qu’un appel à projets doit prochainement être lancé pour doter Charleroi d’un nouveau logo expurgé du Coq wallon.
La raison? Paul Magnette (PS) estime que « l’animal renvoie trop à l’image de Jean-Claude Van Cauwenberghe, l’ancien homme fort de Charleroi aujourd’hui tombé en disgrâce », selon L’Écho. Grotesque erreur historique de la part de Paul Magnette : le Coq wallon n’est pas lié à Jean-Claude et ses sbires. Il a été institué en 1913 par Pierre Paulus né à Châtelet.
Sur le plan artistique, c’est indiscutablement un chef-d’œuvre.
Mais à l’étranger, le Coq wallon est déjà remplacé par les cinq points en forme de « W » (il faut en deviner la signification !) de Maître Demotte.
Le Commissariat général au Tourisme (CGT) a lui aussi décidé de privilégier le nouveau logo et il en sera de même pour les organismes subsidiés par le CGT, c’est-à-dire les 5 fédérations touristiques provinciales, les 42 maisons du tourisme en Wallonie et les syndicats d’initiative.
Avec la bénédiction du ministricule du Tourisme Paul Furlan qui est occupé à se planter dans l’organisation du bicentenaire de Waterloo (2015)…
Imagine-t-on un seul instant l’Écosse et la Flandre abandonner leur lion emblématique ?
Conclusion du R.W.F. : seule une union avec la France fera de la Wallonie une grande région touristique de France.
Elle bénéficiera des mêmes moyens de promotion que l’Alsace ou la Champagne.
Source : L’Echo
Histoire du Coq wallon à destination de l’inculte Paul Magnette (extrait de Wikipedia)
Au 19e siècle, le coq s’est affirmé comme emblème de la République française.
Finalement, l’Assemblée wallonne, regroupant la majorité des parlementaires wallons de l’époque, décide :
« La Wallonie adopte le coq rouge sur fond jaune, cravaté aux couleurs nationales belges ». L’histoire glorieuse de la Principauté de Liège, faite de luttes pour les libertés (Charte de Huy, Paix de Fexhe, le Perron, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du Congrès de Polleur…) inspire les couleurs, le cri et la devise : le coq hardi de gueules sur or, avec le cri « Liberté » et la devise « Wallon toujours ! ».
Le peintre Pierre Paulus est sollicité par Paul Pastur. Son œuvre est adoptée officiellement le 3 juillet 1913 par une commission d’artistes. Il sera reconnu officiellement par le décret du Conseil culturel de la Communauté française (28 juillet 1975) puis par le décret du Parlement wallon (23 juillet 1998).
Le coq wallon se distingue du coq français par deux traits : il est hardi (c’est-à-dire que sa patte droite est levée, signe d’un coq combattant) et le bec est fermé. Le jaune et le rouge, couleurs liégeoises, furent choisis pour souligner le rôle important joué par les Liégeois dans la formation de la conscience wallonne.
Source : http://www.rwf.be/?p=11221

dimanche 9 mars 2014

BYE, BYE, DI RUPO ? (Un Premier Ministre peu stabilisé) (chronique parue dans Marianne Belgique).

9 MARS 2014
-->Le Premier Ministre a choisi définitivement sa partition politique et sa musique de campagne. L’homme, qu’on a souvent comparé à un chanteur d’opéra, répétera inlassablement –comme dans les chœurs de La Monnaie- l’élément de langage selon lequel son gouvernement a “stabilisé le pays”.


Paradoxe total: car c’est précisément une forte instabilité qui serait le meilleur -sinon le seul- atout pour que l’homme arrive à se succéder à lui-même dans un hypothétique Di Rupo 2.
C’est que l’opinion publique wallonne et bruxelloise est tellement assoupie que l’homme de la rue est souvent benoîtement persuadé que le papillon ne peut que poursuivre, quasi automatiquement, son vol politique. Le sérail, lui, sait que s’il y a bien quelque chose qui n’est pas du tout stabilisé, c’est bien Elio Di Rupo lui-même au 16 rue de la Loi.  Et les pronostics, s’ils varient selon les observateurs, donnent pour l’heure seulement de 2 à 5 chances sur 10 (les vraiment très optimistes) à Di Rupo de se succéder à lui-même cette fois pour carrément cinq ans, élément de durée pas anodin. Décryptage en dix points pour mieux comprendre l’enjeu:

1) Il est une règle élémentaire en politique: ne jamais avouer ses ambitions brûlantes. D’ailleurs, si l’on n’en à point, mieux vaut choisir illico un tout autre métier. La vérité crue est que l’ambitieux Elio- qui  risqua jadis l’exclusion du sacro-saint parti- a toujours rêvé de le conquérir, ce 16 rue de la Loi. Il n’y est pas arrivé “par hasard”, quoiqu’il en dise. Nul doute là-dessus: pas plus sur le fait qu’il fera évidemment tout, avec l’acharnement inlassable qui est le sien, pour y rester.
Ce qui est vrai, avec le recul,  c’est qu’il est déjà assez invraisemblable qu’il y soit parvenu. “Cela a été le résultat d’une situation donnée”, disait-il l’autre jour à Pascal Vrebos, faisant allusion aux 511 jours de  la folle crise d’après le scrutin de 2010. C’est on ne peut plus exact.

2) C’est aussi tout son problème. Car en Flandre, tous les partis, jusqu’à la N-VA, se focalisent désormais uniment sur le socio-économique. Ce que certains appellent, un brin pompeusement, les “années Di Rupo” sont juste considérées au Nord comme une période de crise institutionnelle et exceptionnelle désormais quasi périmée. Raisonnement basic: puisqu’on en est sorti, retour au “business as usual”.
Place à la lutte pour la compétitivité de l’industrie, qui, tiens,  est au Nord.
Et plus de bonne raison de “tolérer” un socialiste, en outre wallon, comme Premier Ministre.

3) Il faut bien photographier ceci: que la Flandre (60% des belges) va voter largement au centre-droit, d’ailleurs parfois très droit. Toutes les gauches confondues (socialistes du SPa en capilotade, écologistes de Groen, gauchos du PVDA+) ne représenteraient plus que 21% de l’électorat flamand.
Conclusion: ce sera vachement plus difficile de faire avaler à la Flandre la seule idée qu’un socialiste wallon redevienne à nouveau locataire du Seize, là où le CD&V se sent tellement chez lui.
Tout se résume par un rire: celui qui échappa, il y a quelques mois, à une joyeuse bande de politiques flamands de haut niveau sur le plateau de la chaîne flamande Vier: “Un Di Rupo 2?” Esclaffement général, comme pour une blague de Bert Kruismans. Et hautement révélateur.

4) Oh, ce n’est pas qu’il n’y ait pas mis du sien, “Elio”, comme on dit aussi désormais en Flandre. On lui y sait gré de ses efforts pour causer un néerlandais devenu même tellement acceptable qu’il s’est risqué à apparaître dans quelques-uns de ces talk-shows télé si populaires en Flandre et qui échappent un peu à la compréhension francophone. C’est que les politiques du Nord s’en servent avant tout pour apparaître comme des “gens normaux”. Pour montrer qu’ils ont, tantôt de l’humour, tantôt de petits défauts sympa, tantôt des émotions. Le hic, c’est  que le style Di Rupo est plutôt de tout maîtriser jusqu’à l’obsession. Une mécanique faite de gestes attendus, de discours prudents ou juste répétitifs, qui produit peu de cette authenticité si recherchée par les flamands. (à RTL-TVI, parfois les mêmes réponses mot pour mot que lors de son dernier passage d’il y a un an et demi)
Certes, l’homme a déroulé inlassablement jusqu’à l’excès le storytelling de son enfance d’immigré, certes il a montré à toutes les caméras la valise-relique en carton de son papa ou (sur Vier) la charrue de son grand-père, mais c’était toujours Elio le Premier Ministre, pas Elio le bon gars qui vient de Mons. Certes, il s’est un peu dénudé (changement de chemise) pour les reportages intimistes de ”Kroost” (Vier), mais ce n’est pas pour autant une mise à nu.
On le voit au foot, mais aime-t-il vraiment le ballon rond? Il est gay assumé mais, bizarrement, il n’aime apparemment guère en parler. (Qu’est-ce qui le passionne en dehors du pouvoir? A-t-il un cœur qui bat parfois la chamade, un esprit qui chavire?)
Si fortiche en communication, Di Rupo n’a pas saisi cet angle typiquement flamand: les “bekende vlamingen” populaires (Tom Boonen, Kim Cleysters, Tia Hellebaut, Sven Nys…) se comportent  comme des people modestes. Di Rupo est resté dans sa fonction de “Monsieur Belgique”, avec un com’ parfois vite pompeuse. D’où la réaction fréquente: mais pour qui se prend-il ce “Mandela à la belge”? Adepte à ses heures du même style présidentiel -largement moqué par les cartoonistes du Nord pour son souci d’être vu partout- le Ministre-Président flamand Kris Peeters veille bien, lui, à compenser en joyeux divertissements parfois ras du gazon.

5)Tiens, parlons-en d’ailleurs de Kris Peeters, le “numero uno”, le George Clooney, l’ “acteur” (le mot adéquat) principal d’un CD&V qui tient largement dans ses mains le devenir d’Elio Di Rupo.
A qui, élément peu relevé, les sociaux-chrétiens n’ont pas vraiment pardonné les votes sur l’extension de l’euthanasie aux mineurs par une majorité éthique alternative (dont la N-VA). Ca laisse, mine de rien, autant de traces chez les sociaux-chrétiens que, jadis, l’octroi du droit de vote des étrangers pour les libéraux du Nord.
Et le CD&V, qui est tout sauf unanime, a du coup plein de fers au feu possibles, sur base d’un objectif principal bien établi: Kris Peeters doit rempiler comme Premier Ministre de Flandre. (là où il y aura désormais, tout comme d’ailleurs en Wallonie, 70% des compétences).
-Premier fer au feu possible: l’idée risquée et largement hasardeuse (à nouveau pas de majorité au Nord) d’une tripartite qui rejeterait la N-VA pour cinq ans partout dans l’opposition, avec l’espoir d’envoyer ainsi définitivement  ad patres Bart De Wever et ses troupes. Un cadeau que le CD&V emballerait forcément du ruban du 16 rue de la Loi: pour la révélation Koen Geens par exemple. Accessoirement, tiens, l’ex-chef de Cabinet et meilleur pote de Kris Peeters, au profil acceptable par tous les partis.
-Second fer au eu possible: Kris Peeters et Bart De Wever concrétisent leurs fleurets mouchetés de scrutin de St Valentin (les deux hommes veillent quasi amoureusement et prudemment à ne jamais s’étriper) et ledit Peeters prend la tête d’un gouvernement flamand assez parfumé au confédéralisme. Avec une sorte de Ministre-Président bis zyeutant tout depuis l’Hôtel de Ville d’Anvers sans prendre trop de responsabilités finales. (Et peut-être Liesbeth Homans, l’indispensable bras droit de De Wever, en relais direct comme ministre N-VA). Une bonne question alors: quelles garanties la N-VA obtiendrait-elle d’accompagner à son tour, le jour venu, le CD&V au gouvernement fédéral? Vous savez, le truc qui prend plein de temps à se former en Belgique alors qu’un gouvernement régional, ça peut se nouer fissa (on rappelle que Kris Peeters avait déjà laissé Herman Van Rompuy se débrouiller au fédéral, bouclant sans se gêner son propre gouvernement flamand)
Bref, retenez ceci: ce qui se passera pour former le Gouvernement flamand sera caital pour déterminer qui sera au 16 rue de la Loi.

6) Le fameux élément de langage “Laissons la parole aux électeurs” est souvent une formule toute faite pour crédules. Pourtant, le 25 mai, l’avenir d’Elio Di Rupo pourrait bien être suspendu, cette fois, a peu de choses: genre à 1% ou 2% de plus ou de moins pour l’un ou l’autre parti.
Exemple: cette N-VA qui apparaît en bonne forme, comme l’évident pari perdu de l’équipe Di Rupo qui proclamait jadis “qu’on la jugerait à l’aune du recul de la
 N-VA”. Si, ce fut dit. Reste à voir si la N-VA prendra cette fois, selon l’expression anversoise, le “tram 2” (cantonnée dans la vingtaine de %) ou le “tram 3” (plus de 30% au lieu des 28,6% de 2010).
Et qu’arriverait-il si le CD&V, aujourd’hui si confiant, (finalement le seul parti flamand de la majorité à apparaître en léger mieux) se ramassait subitement une claque?
Et quid des libéraux du Nord -cible première de l’autre parti libéral qu’est la N-VA- et du Sud, avec un Didier Reynders en sérieuse embuscade. Et qui finit par user son rasoir à rêver chaque matin d’être Premier Ministre, avec, si l’ouverture se faisait, l’appui évident de son parti.
C’est l’effet-papillon: un petit malus ou bonus électoral peut avoir un formidable impact sur le choix du Premier Ministre des cinq années à venir.

7) Autre paradoxe: si Elio Di Rupo est assurément très populaire, cela ne se traduit pas en retombées positives pour le PS, dont il est pourtant toujours président en titre.
Que du contraire. De baromètre en baromètre, la température des sondages est plutôt fraîche: juste en dessous ou juste au-dessus des 30%, bref loin derrière les 36% de 2010.
En interne, on y table beaucoup sur la mobilisation de campagne, un “effet Di Rupo”, pour remonter le courant électoral en dernière minute, histoire de préserver techniquement un max de sièges dans cet enjeu devenu crucial qu’est le vote pour la Chambre (ou on retrouvera désormais physiquement Bart De Wever, c’est dire).
Espoir complexe. Si le Hainaut socialiste apparaît en ordre de marche, la situation liégeoise suscite bien des insomnies au Bd de l’Empereur. Non seulement les camarades du cru se querellent-ils pour de pures raisons intra personnelles (les couteaux tirés allant jusqu’à retrancher des listes le ministre Jean-Pascal Labille, pourtant porteur en voix du fort réseau d’influence des mutualités…) mais encore certains d’entre eux, et pas qu’un, risquent-ils le coup de tonnerre de foudres judiciaires. Le spectre du cauchemar carolo de 2007 rode toujours: cette fois en bords de Meuse. Et il fait presque davantage peur à d’aucuns, d’ici le 25 mai,  que la grille d’analyse marxiste du botaniste ornithologue Raoul Hedebouw et de son PTBGo, si mis en avant -c’est de bonne guerre électorale- par les libéraux.

8) En fait, ce que d’aucuns redoutent, au PS, c’est ce phénomène électoral qu’on ne voit parfois même pas venir dans les Etats-Majors: celui de la “bonne claque”, celui du sympathisant traditionnel qui, pour une fois, entend donner une “bonne petite leçon” à ses élus habituels. C’est qu’au nom de la lutte contre la N-VA et, partant, du soutien aux partis flamands, les militants ont l’impression d’avoir souvent dû avaler de  bien grosses couleuvres du genre “Serpents dans l’avion socialiste”. En confidence, bien des élus locaux vous confessent qu’ils ont parfois bien du mal à endiguer certaines colères. Marginalement pour ce qui est de Maggie De Block ou du sort réservé aux réfugiés afghans (les rangs du PS ne sont plus préservés des xénophobes) Mais plus massivement pour ce qui est de l’exclusion, du sort réservé aux chômeurs et cohabitant wallons, et pas que des jeunes. Vrai danger social à retardement puisque, lorsque le dernier filet de sécurité sociale se troue, c’est vers la solidarité familiale que tout le poids est reporté. Que la FGTB wallonne organise des manifestations sur le sujet à quelques semaines d’élections cruciales, on a connu meilleur climat chez les camarades.

9) Ce n’est assurément pas par hasard si Elio Di Rupo, l’autre jour, chez Pascal Vrebos, sur RTL-TVI,  a repris le rôle du socialiste protecteur des faibles, agitant le “bouclier social” de la grande mythologie publicitaire du POB, du PSB et du PS. Il se dit que le Premier Ministre a parfois été en interrogation quant à son successeur ff, Paul Magnette, notamment lorsque celui-ci a lâché son intention de taxer les loyers; et ce à la veille d’un enjeu qui ne souffre cyniquement pas la moindre gaffe, même si l’on n’en pense pas moins.
Comme si Magnette avait perdu de vue que ce qu’une bonne partie de l’électorat du PS veut d’abord, ce n’est pas forcément qu’on s’en prenne aux riches, aux banquiers et autres nantis. Ce qu’il veut surtout, c’est qu’on aide classiquement les pensionnés, les plus démunis, les pauvres.

10) Voici donc le destin d’Elio Di Rupo Premier Ministre suspendu à un fil noué d’inconnues. Avec deux jokers en poche:
--Sa position et ses relais lui permettront sans doute d’opter, s’il le faut, vers la voie classique du reclassement des politiques belges de quelque importance: l’Europe ou l’International.
--Quoi qu’il advienne aux élections, il est assuré de rester un temps Premier Ministre d’un pays en affaires courantes. Dont les citoyens sont déjà inondés d’insensées  promesses électorales par milliards. Comme si les politiques gommaient pour l’électeur cette cruelle réalité: les caisses sont vides.
Donc, dès le 26 mai, on prend le pari que vous entendrez le discours sur la nécessité de former un gouvernement asap (“aussi vite que possible”) pour éviter tout déraillement, tout dérapage de la situation budgétaire. De quoi augmenter un chouia les chances d’un Di Rupo 2.
Même si la “recette belge” a d’évidence plein de grumeaux.


Michel HENRION

mardi 25 février 2014

Di Rupo à coeur ouvert (et dos nu).

Par: Loïc Struys 25/02/14 Source: VIER


Il n'y avait pas que le dos de Di Rupo dans l'émission "Kroost" sur VIER lundi soir. Le Premier ministre est revenu sur son parcours, déjà évoqué certes, avec un humanisme salué dans son ensemble par les internautes flamands et francophones.
Avant même sa diffusion lundi soir, l'émission "Kroost" réalisée par Eric Goens (déjà auteur du docu "Notre fille s'appelle Delphine", avec Sybille de Sélys Longchamps) avait fait parler d'elle. En cause, un teaser qualifié de choquant par certains dans lequel Elio Di Rupo apparaît le dos nu entre deux chemises. Une image tournée dans la chaleur du 21 juillet, jour de l'accession au trône du roi Philippe loin du propos principal du portrait de lundi soir.


"Bordel"
Lundi soir, Elio Di Rupo s'est mis à nu. Au sens figuré. Filmé dans l'intimité de son domicile montois "un paradis sur terre depuis 1985" ou sur les traces de son enfance désoeuvrée, le socialiste a remonté la ligne du temps, préface du destin hors norme du premier homme politique francophone à accéder au poste de Premier ministre depuis Edmond Leburton en 1974.

Accompli professionnellement, l'homme relativise ses manques. "Tu ne peux pas tout avoir dans la vie. Je n'ai pas tout. Ma vie de célibataire me permet d'avoir un degré de disponibilité. C'est un choix, ça ne l'a pas toujours été" évoque-t-il après s'être excusé "du bordel" qui règne dans un endroit où il est rarement. "Cela m'arrive de m'allonger dans le divan et de laisser la télévision me regarder. C'est rare, mais ça m'arrive. Peut-être trois fois par an".
Lire aussi
Alain Destexhe réagit à la polémique
Destexhe, choqué par la nudité de Di Rupo? Vraiment?
Elio Di Rupo se dénude: "Le summum de l'indécence"


Privé d'un papa décédé presque un an jour pour jour après sa naissance, le petit Elio vit avec sa maman séparé de la fraterie, placée dans un orphelinat de Morlanwelz. "Maman a refusé que j'y aille. Quand papa est parti chercher des poulets à vélo - juste avant de mourir -, je pleurais, il m'a pris et m'a mis dans les bras de ma mère en disant: Occupe-toi d'Elio. Et donc, elle n'a jamais voulu que je quitte le foyer. Elle m'a toujours gardé".


Des périodes délicates, Elio Di Rupo en connaîtra d'autres, comme au milieu des années nonante, lorsqu'il fut accusé d'actes pédophiles. Le 19 novembre 1996, la Belgique, encore en plein traumatisme Dutroux, découvre dans la presse son nom associé à une enquête pour pédophilie.

"C'est une période très noire de ma vie et surtout de la sienne", admet Franco, son frère, appelé à la rescousse vers 3h du matin. "Il me téléphone et me dit: "voilà, demain c'est le bordel dans les journaux  flamands. On m'accuse d'être (hésitation) tout ce que vous savez".


"Mon frère m'a beaucoup  aidé dans les moments les plus critiques. C'est tellement dur, tellement énorme que j'ai hésité (réflexion). Je ne voulais pas nuire au gouvernement. Et mon frère me disait: tu n'as rien à te reprocher, tu ne bouges pas. Et je n'ai pas bougé", avant d'admettre que sans ce soutien moral, le cours des choses aurait peut-être changé. Au point de lui sauver la vie.

"Je me suis dit qu'il était impossible de vivre avec une étiquette de pédophile. C'est l'horreur. C'est la chose la plus insupportable, c'est ignoble", ne comprenant toujours pas pourquoi personne n'avait investigué. Des confessions saluées par de nombreux téléspectateurs flamands qui ont souligné l'authenticité d'un homme loin du politique.
Source: http://www.7sur7.be/7s7/fr/1540/TV/article/detail/1800574/2014/02/25/Di-Rupo-a-coeur-ouvert-et-dos-nu.dhtml

vendredi 24 janvier 2014

Mexique : Un ex-bras droit d’Elio Di Rupo a rabattu des fonds pour une mafia sud-américaine.

Joaquín Guzmán, ici en 1993, dirige le puissant cartel de la drogue mexicain de Sinaloa. (Belga)

De 2007 à 2009, des hommes d’affaires établis en Floride ont tiré les ficelles d’une vaste escroquerie à l’échelle mondiale. La fraude a fait des milliers de victimes dans 110 pays. Elle rappelle l’affaire Madoff, du nom de ce milliardaire américain condamné à 150 ans de prison en juin 2009.

Des investisseurs des quatre coins du globe ont été attirés par des placements à très hauts rendements. D’autres pensaient financer des usines de biocarburant. Ils ont été grugés. L’argent a été retrouvé sur des comptes secrets en Arizona à l’occasion d’une enquête sur le trafic de stupéfiants. Le magot aurait enrichi les hommes d’affaires en question, Daniel Fernandes Rojo Filho et Pedro Benevides. Ceux-ci sont les patrons d’une mystérieuse holding nommée «DWB» qui chapeautait toute l’opération.

Outre l’escroquerie en question, ces deux hommes sont suspectés d’avoir blanchi de l’argent sale du cartel de la drogue mexicain de Sinaloa. Il s’agit d’une des organisations criminelles les mieux structurées au monde. Le blanchiment porte sur un minimum de 156 millions d’euros.

Plusieurs Belges sont impliqués dans cette affaire étonnante. Parmi eux figure un ancien bras droit d’Elio Di Rupo, l’ex-secrétaire communal de Mons Pierre Urbain, suspendu de ses fonctions lors de son inculpation en mars 2013 pour participation à une organisation criminelle, infraction à la législation bancaire et abus de confiance. Des sociétés pilotées par ces Belges et contrôlées par des Américains figurent parmi les structures utilisées pour rabattre des fonds vers des montages suspectés de servir au blanchiment de l’argent de la drogue.

Documents exclusifs à l’appui, Marianne livre ce samedi les clés pour comprendre cette saga. Drogues dures, voitures de luxe et lingots d’or: notre enquête plonge au cœur d’une internationale du crime en col blanc. Qui s’est infiltrée dans les milieux bancaires, économiques et politiques.

Philippe Engels et Anabel Hernandez
Source : http://www.mbelgique.be/2014/01/un-ex-bras-droit-delio-di-rupo-rabattu.html

Avoir : http://rue89.nouvelobs.com/2014/02/24/milliers-francais-roules-cartel-mexicain-250215